Contre-mesures [#9]

« du corps l’existence retombe
                                              instantané du décollement
pensée morte spirale immobile
                                                           petit porte-malheur
comme passer par derrière
(caractère théâtrique)
                                          l’inhabitable
                                          autant écrire
                                                          l’imbitable
comme on le disait d’une fille trop laide

fabriquer oui du poème imbitable
pas plus de schéma
                                    narratif
                                                   que comptable
                   l’intrigue sans » (Ibid., p. 46)

« la différence entre un os
                                                dans ton assiette
                                     et l’ossuaire
quelle est la position de la meute

entre guet-apens et monologue
                               seule & édentée (face à tous)

souvenir écran ou erreur de lecture

l’inconscient
une usine à l’arrêt
                                  cette friture des énoncés

toi + lui dégagés (un tas de feuilles)

                                      sur-vivante désormais » (Une femme morte n’écrit pas, p. 11)
              

« responsable de
                          chaque coup donné
                                                                je veux l’être
jusque dans la syntaxe » (Une femme morte n’écrit pas, p. 38)

« La vocation passe après la célérité
L’instant volatile
sa pugnacité à devenir poème
Je m’en fais redevance
Après relecture
Le poème sur une robe de velours
Glisse en bordure de texte
(-/-/-/) » (Fréquence Mulholland, p. 51)

« Si prose devient poème ou déraison
Ma tendance naturelle au mysticisme fait foi

Née d’une mère meurtrière
J’aurais voulu écrire
Sur les traumas de surbrillance

Rien ne pouvait être falsifié      par un discours équilibré

J’aurais voulu tout dire
Mais dire ne fait pas le poème il en va de même
Avec la matérialisation d’une abstraction

La subtilité interdit toute déviation du sujet
         non consenti
Finalement la bouche restera cousue pour les besoins
         du script » (Fréquence Mulholland, p. 107)

« ici, c’est de juin l’aujourd’hui,
par thoracique intermittence,
résistant,
qui ne veut plus attendre ce dont il s’agit aujourd’hui. » (Et puis, soudain, il carillonne, p. 162)

« dans la chambre tête se disperse qui touche la lampe, l’écran, brise la vitre.

   NE DIGÈRE AUCUNEMENT QUI LA DÉCOLORE.

   Je me tiens tout droit dans un état de plus en plus défait.

voici mon esprit :         il regarde son vidange, voit le disperser :
                                                                                   un couler où il coule,
          vague qui le lèche     SANS VISAGE,     monte un nez en lui
SANS ODORAT,          montent deux yeux, morts et déplantés,
comme      SANS MAINS,         naissent en lui, une vitre et un écran. » (Ibid., p. 43)

« checkez-moi maude vv
deux v
poète pas tight pantoute

3h40 du matin en beauce
j’écoute radio-can sur la télé
le channel de venus angel sur mon ordinateur
et je me magasine des followers sur instagram
me garder occupée pour chasser les fantômes

Hier, j’ai trouvé un boutte de papier collant dans mon vagin
le flow est un état mental que les anxieux ne vivent pas full
je ne suis plus autant déprimée qu’avant noël
lorsque je pesais 112 livres
mais engraisser me fait capoter
dites-moi
mon vagin est-il lousse ? » (p. 55)

« en vérité, je ne sais pas combien t’en as fourré des filles
je m’en crisse
je veux juste que tu me fourres
encore
une fois de temps en temps
que tu me regardes les choses
les trous, les lumières, le temps
la force, la peau, les jupes, les mains, les yeux
que tu me le fasses à moi
encore » (Last Call les murènes, p. 49)

« checkez-moi maude vv
deux v
un vagin pas tight
beaux cheveux
belles lunettes
pas tight

je lis et je relis ce poème
sur mon entrejambe et la beauce
une maison en clabord rose sale comme une tache de sexe
mon poème est confus, je sais
les tiroirs de mon père aussi
collection de paquets de cigarettes, catalogues sears
lighter en forme de fusil, mèche de drill
mitaine de four, bouteille de tylenol » (Last Call les murènes, pp. 55-56)

« checkez-moi maude vv
deux v
poète pas tight pantoute
pas tight du vag
pas tight de la tête

je suis encore là à parler de la beauce
maudite beauce
il faut comprendre qu’en en revient peut-être pas
que ça m’écœure tellement que je m’en sortirai jamais
j’essaie d’en faire une expérience
du monde qui en vaut la peine
parce que si je n’étais pas ça je serais quoi
une autre fille de la rive-nord
dans une maison swell swell
où aucun enfant ne mange des cadavres de mouches

checkez-moi maude veilleux veilleux
deux v
poète pas tight pantoute » (Last Call les murènes, p. 56)

«       Elles s’appellent Jenny, Violetta, Stoya

elles sont floues ;
on ne voit que leur viande

c’est un défi, disent-elles

la liberté totale, dit lui
puis allongez-vous, rapprochez-vous, embrassez-vous
caresse son ça,
caresse son ci,

elles ont des corps de tous les jours, des corps dociles,
reconnaissables parmi mille, des corps à modeler
des corps de vacances en Tunisie avec Thomas Cook

la caresse est rose
le téton est rose
les ongles fauves
elles le sucent à tour de rôle, elles ne se le disputent pas :
elles ont à manger tous les jours de ce pain
son sexe est un sexe de tous les jours, un sexe de super-
marché, sous le jean,
derrière le chariot
un sexe de courir chercher le gamin à la maternelle
un sexe métropolitain » (x et excès, pp. 9-10)



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