Pauvre folle de Chloé Delaume

« Quand Clotilde écrivait, elle avait l’impression que, quelque part, revivait sa mère. Que par la poésie, sa mère n’était pas morte, ne pouvait pas mourir. » (p. 43)

« Elle n’aspire qu’à une seule chose, d’année en année, de 30 juin en 30 juin : dépasser le trauma, voir s’effacer le deuil. Cet unique objectif l’a poussée à chercher l’amour et à changer le sang en mots, à se métamorphoser, à devenir quelqu’un d’autre. » (p. 32)

« ce pluriel était apparu quand le Moi de Clotilde avait éclaté, le 30 juin 1983, dans la cuisine d’une HLM haute de seulement cinq étages. Après que sa mère eut été changée en cadavre ; avant que son père ne se colle le canon de l’arme sous le menton ; ça s’est passé entre les deux. » (p. 170)

« Elle disait ces choses comme : dans le réel je flotte toujours mes yeux se voilent, quand je les ouvre la chambre est blanche comme un grand lys. Mais à son chevet personne, si ce n’étaient ses lectures, Artaud, s’y accrocher comme toutes les jeunes filles mortes, elle se vivait déjà à l’état de cadavre, ressentait ses cellules se décomposer lentement, s’attendait à chaque instant à perdre un œil […]. » (p. 47)



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